Dossier d’élevage :
L’ EAM

Sophie DUMAS (Syrius)
& Patrick LAFFONT (Benague)

 

Au menu
1  - L'eam c'est quoi
2  - L'eam : Pourquoi ?
3  - La Responsabilité de l’Eleveur

4  - Le Matériel Nécessaire
5  - Schéma d’anatomie
6 - Les Techniques
7  - Horaires, Croissance et Températures
8  - Les Problèmes les plus Courants
9  - Le sevrage : la phase la plus difficile
10 - Les Erreurs à Eviter
11 - L’EAM … et Après ?
       Conclusion
 

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Avant toute lecture, les auteurs tiennent à préciser que cet article n’a pour but que de répondre à la demande grandissante
des membres du forum quant aux multiples questions inhérentes à l’EAM.
 Il s’agit en fait de faire un tour d’horizon du sujet en traitant les lignes essentielles et en abordant les bases.
Il est évident que nombreux points peuvent être approfondis, en particulier en fonction des espèces à EAM (notamment les perroquets),
 pouvant faire l’objet d’un ouvrage complet
.

 



 

1.     L’EAM c’est Quoi ?

 

« EAM » est un sigle très à la mode, que vous avez tous dû voir à un moment où à un autre sur les petites annonces des sites aviaires…Qui signifie « Elevage à la main » ou « Elevé à la main ».

L’EAM consiste en fait à remplacer les parents naturels d’un oiseau non sevré par un éleveur. Celui ci devra donc lui apporter la nourriture adaptée à sa croissance, mais aussi l’environnement adéquat qui lui permettra un développement aussi bon qu’un élevage par les parents (« EPP »).

 

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2.     L’EAM : Pourquoi ?

 

Il est possible de se substituer aux parents pour différentes raisons :

 

Diverses causes peuvent amener les parents à abandonner la couvée (dérangement, inexpérience, etc.). Dans ce cas, il est possible de prélever les œufs (à condition que la température de celui-ci n’ait pas chutée exagérément) et de les placer en couveuse. Les jeunes à éclore devront donc être élevés à la main. Il est aussi possible de faire des adoptions sous surveillance à la place.

 

Au moment de l’éclosion, ou plus tard durant la croissance des jeunes, les parents peuvent abandonner leur progéniture, pour les mêmes causes que celles citées précédemment. De même ici, l’adoption peut être une alternative.

 

Un mauvais parent est un oiseau qui se montre négligeant (souvent par inexpérience) ou agressif avec sa progéniture. Dans ce cas, les petits sont prélevés pour être sauvés.

 

Dans le cas d’un parent restant, ce dernier prend en général la couvée en charge seul. L’éleveur peut cependant prélever quelques jeunes pour lui alléger la tâche, ou alors compléter les jeunes en EAM tout en les laissant au nid.

 

Certains éleveurs prélèvent les œufs de la première couvée de l’année afin d’inciter les parents à re-pondre rapidement, et ainsi avoir 2 nichées. Il faudra alors EAM la première nichée.

 

Il est possible de prélever les œufs ou les jeunes à différents stades de croissance pour les nourrir soi-même à la main, afin qu’ils soient plus ou moins imprégnés par l’homme. L’imprégnation dépend de la durée de nourrissage, de la manipulation du jeune et de l’espèce.

 

On distingue donc 3 grandes vocations de l’EAM : le sauvetage, l’apprivoisement et la ponte de remplacement.

 

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3.     La Responsabilité de l’Eleveur
 

A partir du moment où vous décidez d’EAM un oiseau, ne perdez jamais à l’esprit que sa vie est entre vos mains. Le fait de le prélever signifie un engagement moral : il n’est pas pensable d’envisager de se « faire la main » avec un premier oiseau sans s’être donné tous les moyens pour y arriver.

De plus, c’est un engagement contraignant demandant beaucoup de disponibilité et une  rigueur sans faille.

       Jeune ondulée de 3 sem


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4.     Le Matériel Nécessaire

 

Quand on se lance dans l’EAM, par nécessité ou volontairement, la bonne volonté ne suffit pas. Voici la liste du matériel, le vital comme l’idéal :

 

 

Il existe dans le commerce des pâtées toutes prêtes destinées spécifiquement à l’EAM (ne pas confondre avec les pâtées d’élevage tout court destinées aux reproducteurs). Elles sont complètes et suffisent généralement à nourrir un oisillon de l’éclosion jusqu’au sevrage. Elles se présentent sous forme de poudre à diluer dans l’eau. Si la plupart se prétendent « multi-espèces », il s’avère cependant que certaines conviennent mieux à certains types d’oiseaux qu’à d’autres. On regardera en particulier le taux de graisses et de protéines.

 

La poudre est à diluée dans de l’eau : eau en bouteille Volvic, ou eau bouillie à défaut. Lorsque le sevrage approche, il est possible d’utiliser l’eau du robinet. Attention, certaines eaux en bouteille contiennent trop de sels minéraux, il est préférable de s’en tenir à la Volvic en cas de doute !

 

Lors des premiers jours de nourrissage qui suivent l’éclosion, la solution servant à diluer la pâtée doit être du type ringer lactate (réhydratant, rééquilibrant ionique : chlorures sodium potassium calcium et lactate de sodium).

Certains éleveurs utilisent des solutions glucosées ayant des propriétés semblables sur le plan de l’hydratation. Cependant, on ne retrouve pas l’apport ionique mais un apport calorique : ces solutions sont donc préconisées en cas de dénutrition, et ce quel que soit l’age de l’oisillon.

 

Note : Il est fortement déconseillé de fabriquer sa pâtée soi même ! Dans 99% des cas elle conduira à la mort de l’oisillon dans de brefs délais. Certains éleveurs avaient à une époque leur propre recette de pâtées d’EAM avec de bons résultats, mais leurs résultats ont été meilleurs avec des aliments industriels


 

 

 

Il existe trois types de matériel pour EAM un oiseau.

 

La solution la plus utilisée est un nourrissage à la seringue. On utilise dans ce cas une seringue sans aiguille (achetée en pharmacie) pour nourrir l’oisillon. La taille de la seringue varie de 1ml pour les premiers jours jusqu’à plusieurs dizaines de ml avant sevrage, suivant l’espèce. Il est conseillé d’adapter la taille de la seringue avec le volume de pâtée que peut ingérer l’oisillon en une seule prise (cela évite que la pâtée refroidisse trop pendant un repas, s’il est nécessaire de recharger plusieurs fois la seringue).

 

A cette seringue, il faut souvent rajouter un embout de diamètre plus fin pour plus de précision si celui de la seringue a un diamètre trop important. Pour faire l’embout, il est possible utiliser des embouts de micro pipette en plastique rigide dont on coupe la base pour l’adapter à la seringue, des sondes urinaires ou gastriques (produits vétérinaires ou hospitaliers) que l’on peut de même couper pour ne laisser que la longueur voulue.

 

        A noter l’inclinaison de la seringue

 

On trouve aussi des seringues spéciales EAM chez certains distributeurs spécialisés.

 

Notes :

-    En cas d’embout rigide, il faut faire attention à ne pas blesser l’intérieur de la bouche de l’oiseau avec un geste brusque ou maladroit.

-    Faire aussi attention si les bords de l’embout sont tranchants (après une coupure au ciseau par exemple) : le risque de blessure est alors important ; on tâchera dans la mesure du possible de laisser les ustensiles intègres

-    De plus, il est indispensable de vérifier que l’embout est solidement attaché à la seringue, et que celui ci ne peut pas être avalé par l’oiseau. Pour cela, on le fera toujours assez long, voir même muni d’un butoir (type rondelle) à sa base pour empêcher toute ingestion.

-    Les seringues achetées en pharmacie ne peuvent pas servir longtemps pour l’EAM. Elles ne sont pas conçues pour une utilisation répétée (en fait elles sont conçues pour une utilisation unique…). Le caoutchouc se durcit très vite, prévoir donc un stock de seringues d’avance !

Il est possible de sonder l’oiseau pour le nourrir. Pour cela, ce n’est pas un court embout qui est fixé, mais un embout long pour aller directement dans le jabot. Il est possible d’utiliser ici aussi des sondes urinaires ou gastriques, mais il existe des sondes prévues à cet effet, en métal et rigides.                  

 

              
 Dispositif de sondage

 

Il est important de vérifier que l’oiseau ne puisse sectionner la sonde !

 

Enfin, certains préfèrent le nourrissage à la cuillère. On peut se servir de cuillère en plastique ou en métal, adaptée à la taille du bec de l’oiseau.


 

                                                       

 

Il est nécessaire de soigner l’environnement dans lequel va grandir l’oiseau, il est au moins aussi important que la nourriture.

 

Le récipient qui va accueillir l’oisillon doit être aéré, mais pas sujet aux courants d’air. La température doit pouvoir y rester homogène tout en assurant un bon brassage de l’air… Délicat ? Certes, mais indispensable !

Si l’oisillon est tout jeune, et il faut pouvoir le caler contre quelque chose (sopalin, petit récipient, etc.) c’est plus rassurant pour lui et cela évite qu’il « roule » d’un bout à l’autre de son récipient.

Attention à la matière de ce nid artificiel : il doit pour être facilement nettoyé, le bois n’est donc pas conseillé car beaucoup de parasites, champignons et bactéries peuvent s’y cacher même avec une bonne désinfection. Le métal présente l’inconvénient d’être trop sujet aux variations de la température extérieure : s’il fait froid le métal est très froid, et inversement, s’il fait chaud le métal va très vite chauffer. Le plastique reste le plus utilisé.

 

Ensuite, il faut maintenir une température adéquate : une lampe infrarouge peut être placée au-dessus de l’oiseau pour le réchauffer.

 

Note : Attention à ce qu’il ne puisse pas s’y brûler !

 

Utiliser une lampe infrarouge peut être suffisant pour un oisillon déjà bien plumé, à condition d’utiliser en complément un thermomètre et de s’assurer que la température reste stable !

Dans l’absolu, il est conseillé de conserver l’oisillon dans une certaine pénombre, et donc de placer un écran entre la lampe et lui.

Une autre alternative à la lampe est un cordon chauffant type terrarium, que l’on ne place jamais en contact direct avec l’oiseau. Il faut par contre adapter la puissance et la longueur du cordon en fonction de son installation.

 

Aussi important que la chaleur, une certaine humidité doit être conservée, en particulier dans les jours qui suivent l’éclosion. Pour cela, on peut utiliser un récipient d’eau (changée une fois par jour) à laquelle on ajoute un antifongique, ou du coton/tissu trempé (changé de même).

 
Matériel de l’éleveuse

 

Note : Attention au risque de noyade! Il est important de couvrir ce récipient avec un grillage.


 

 

Si l’air est trop sec, il peut arriver que l’oisillon se déshydrate trop vite, qu’il ait du mal à ouvrir les yeux ou que les plumes présentent un fort retard de développement.

On peut contrôler l’humidité avec un hygromètre.

 

La litière utilisée doit être saine et éviter tout risque de blessure pour l’oisillon. Le sopalin est le plus utilisé. Il faut le changer dès qu’il est souillé.

 

Note : A proscrire : ce qui est poussiéreux ou trop volatile et  qui pourrait se mettre dans les yeux et  voies respiratoires.

Bien sûr, il existe un outil qui regroupe toutes ces fonctionnalités : la couveuse ou l’éleveuse. Elles présentent l’avantage une fois réglées de réguler la température et l’humidité elles-mêmes, elles peuvent se programmer à l’avance et sont un moyen sûr pour réussir un EAM. C’est un investissement indispensable pour ceux qui doivent faire de l’EAM régulièrement.

De nombreuses couveuses sont disponibles dans le commerce, conçues de façon à être facilement nettoyées et désinfectées, ce qui est rarement le cas des couveuses de fabrication artisanale.

Eleveuse sur pilotis

 

Un peu avant le sevrage, quand l’oiseau commence à se déplacer, grimper, et se muscler les ailes, il est préférable de le placer dans une petite cage avec des perchoirs, une mangeoire et un abreuvoir à disposition.

 

 

Pour faire la préparation de la nourriture, prévoir un récipient, une fourchette, et un micro-onde. Le récipient et la fourchette doivent être réservés à cet usage là uniquement pendant toute la période de l’EAM, pour des raisons d’hygiène.

 

 

TOUS les éléments servant de près ou de loin pour l’EAM doivent être nettoyés entre chaque nourrissage (avec une solution détergente) et désinfectés tous les jours (avec une solution javellisée ou en faisant bouillir les ustensiles de nourrissage). La chaleur l’humidité, la pâtée sont des facteurs qui favorisent le développement des bactéries et des champignons. Penser à bien rincer après nettoyage, surtout la seringue et l’embout.

Il faut impérativement se laver les mains avant chaque nourrissage et préparation, en étant d’autant plus rigoureux que l’oiseau est jeune.


 

Certains se servent d’une balance de précision (au gramme près) pour contrôler la bonne croissance de l’oisillon (peser l’oiseau à jeun avant les repas toujours à la même heure). Il faut donc avoir en parallèle une courbe de croissance normale de l’espèce concernée (on en trouve sur Internet en cherchant un peu).

Les habitués de l’élevage arrivent à voir sans balance si l’oiseau grandit et grossit correctement : il suffit d’avoir auparavant observé plusieurs nichées EPP.

Ondulées 5,7,9,11 et 13 jours

 

Un bon compromis est d’avoir à sa disposition des photos à des ages différents d’oisillons EPP de la même espèce, pour pouvoir comparer.


 

Courbe de croissance d'un oiseau nidicole Clubb KJ et coll., 1992

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5.     Schéma d’anatomie

 

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6.     Les Techniques :

 

Il existe 3 techniques d’EAM : le nourrissage à la seringue, le nourrissage à la sonde, et le nourrissage à la cuillère.

Pendant un nourrissage, l’oisillon doit être posé sur une surface propre non glissante (type sopalin) ou tenu en main suivant son age, en contention.

Position de contention : la paume de la main est placée sur le dos de l’oiseau, le corps (en particulier les pattes et les épaules) est tenu par les 3 derniers doigts de la main ; l’index et le pouce, posés sur les joues de l’oiseau, tiennent la tête dans le prolongement du corps.

Si l’oisillon est très jeune, il est souvent nourri sur le dos par les parents. Il faut respecter cette position autant que possible, puis passer à une position debout dès qu’il le peut. Veillez impérativement à ce que l’oisillon ne se refroidisse pas, ou alors nourrissez le sous source de chaleur.

Après chaque repas, il faut vérifier que l’oiseau est bien propre et si besoin il faudra nettoyer avec un torchon humide les plumes collées par la pâtée.

 

Note : il ne faut surtout pas laisser les plumes autour du bec sales après le nourrissage. En séchant, la pâtée se durcit et il est très dur de l’enlever : il faut alors mouiller abondamment à l’eau chaude, et en général l’oisillon y laisse quelques plumes…

 

Après chaque nourrissage, le jabot doit être tendu et bien rebondi. On doit voir une très nette différence de taille avant et après les repas. On peut voir le niveau de remplissage à travers la peau du coup : il ne faut pas que la pâtée remonte plus que la moitié du cou, idéalement elle s’arrête à sa base.

 

 

 

Le nourrissage à la seringue est le plus répandu. Il faut pour cela utiliser une seringue et éventuellement un embout.

Une fois la température de la pâtée vérifiée et la seringue remplie, l’oiseau est positionné, la tête droite et le cou légèrement tendu.

Introduire doucement l’embout dans le bec, jusqu’au milieu du bec, pas plus loin. Il est préférable d’orienter l’embout vers le fond à gauche du bec quand on regarde l’oiseau dans les yeux, soit au fond à droite de sa gorge pour lui.

 

 

Jabot d’une mélanure ½ rempli

 

Un oisillon qui a déjà eu plusieurs repas prend en général l’embout lui-même et « tète », il n’y a rien d’autre à faire que d’appuyer doucement sur la seringue. Si le flux est trop rapide, l’oiseau se met à tousser et recrache l’embout, ou alors laisse déborder le surplus de chaque côté de son bec… il n’est pas conseillé de le forcer dans ce cas là.


 

 

S’il s’agit des premiers repas, et que l’oiseau est tout jeune, il mangera par automatisme ce qui est chaud et liquide et qui lui coule dans le bec. S’il est un peu plus vieux, il est possible au début qu’il refuse la seringue. Rien ne sert d’insister et de l’inonder pour qu’il en absorbe une quantité suffisante, il vaut mieux lui mettre une goutte, le laisser « apprécier », et revenir quelques minutes plus tard lui re-proposer. En général, les oisillons réclament la seringue au bout du 3ième ou 4ième nourrissage.

 

 

Le nourrissage à la sonde consiste à introduire une sonde venant déposer la pâtée directement dans le jabot de l’oiseau. Il peut être effectué pour plusieurs raisons : plus de rapidité, pour garantir une température constante de la pâtée, pour nourrir un oiseau adulte malade, etc.

Il est beaucoup plus délicat : il faut être sûr que la pâtée ne soit pas trop chaude. L’oiseau n’ayant pas la possibilité de recracher, il pourrait gravement se brûler le jabot. De plus, si la taille de la sonde n’est pas adaptée, que l’oiseau n’est pas bien positionné, qu’il se débat, il peut se blesser l’œsophage et/ou le jabot. Enfin, si la sonde est introduite par erreur dans les voies respiratoires, la pâtée s’y déversant est mortelle immédiatement.

C’est pourquoi ce nourrissage doit être employé avec précaution, en toute connaissance de cause et exclusivement par une personne avertie.

Pour intuber l’oiseau, il faut déjà s’assurer que la taille de la sonde (diamètre  et longueur) lui correspond. Ensuite, tenir fermement l’oiseau et lui introduire le tube au fond de la gorge à gauche quand on le regarde dans les yeux. Il ne faut pas forcer : l’oiseau va déglutir naturellement et avaler le tuyau par le bon orifice.

 

Note : En cas d’introduction dans les voies respiratoires, la réaction de l’oiseau est violente : il se débat, tousse, a du mal à respirer.

 

Il est utile de marquer le tuyau à la longueur qui doit être introduite dans le jabot, de façon à l’enfoncer ni trop, ni trop peu. Si on a des doutes, il est éventuellement possible pour s’assurer de la bonne longueur la première fois, venir faire butter le bout de la sonde contre le fond du jabot… Attention cependant, une perforation du jabot serait mortelle. Ensuite il faut retirer un peu le tuyau de façon à ce que l’extrémité soit au milieu du jabot.

Une fois la sonde introduite, il suffit d’appuyer sur la seringue. Le débit est plus important puisque l’oiseau n’a pas besoin de déglutir.

Il est préférable de ne pas avoir à intuber plusieurs fois par repas un oiseau : prévoir une seringue assez grosse pour lui donner la quantité adéquate en une seule prise.

 

 

Le nourrissage à la cuillère est moins pratiqué pour plusieurs raisons : dans une cuillère la pâtée refroidit extrêmement vite, et le temps de donner le nombre de cuillérées nécessaires, la pâtée doit être réchauffée plusieurs fois.

De plus, l’oisillon en tétant le bord de la cuillère se badigeonne en général copieusement le tour du bec et la poitrine… ce qui nécessite un nettoyage quasi systématique après chaque repas.

Cependant, voici quelques conseils si vous souhaitez appliquer cette méthode : il faut surveiller tout particulièrement la température de la pâtée. Faire chauffer la cuillère en la trempant dans de l’eau bien chaude peut aider.

Pour manger, l’oisillon vient mordre le bord de la cuillère et laisse couler la pâtée dans son bec.

Cette méthode présente l’avantage qu’il y a très peu de risque de blesser l’oisillon dans la bouche comme avec un embout ou une sonde.


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7.     Horaires, Croissance et Températures

 

 
  Jeune collier au 2ème jour de vie

Les premiers jours de sa vie, le jeune oiseau doit être placé dans un environnement sain, à une température de 37 à 35°C. Il est évident que cette température doit être rigoureusement contrôlée et stable : trop chaud, le petit se déshydratera rapidement, et trop froid, il en mourra.

L’humidité doit être surveillée elle-aussi, et maintenue les quelques premiers jours à environ 60%.

 

Le premier nourrissage s’effectue entre 1H et 10H après l’éclosion, suivant les espèces. En effet, les plus petites (perruches ondulées) ont un métabolisme plus rapide et ont besoin d’un apport nutritif rapidement après l’éclosion, à l’inverse d’oiseaux plus gros (perroquets).

Chez les Psittacidés, il n’est pas nécessaire de laisser l’oisillon jeûner les premières 24 heures pour permettre l’absorption du vitellus.

La pâtée doit être donnée à une température de 35°C. L’utilisation du micro-onde pour chauffer la pâtée doit être accompagnée d’un mélange rigoureux de la formule après chauffage. En effet, les micro-ondes réchauffent l’aliment de façon non homogène, certains points chauds peuvent persister et causer des brûlures.

 

Note : II est impératif de toujours vérifier cette température pour l’ensemble des nourrissages jusqu’au sevrage. Le risque de brûlure est important en cas de négligence. Pour comparaison, ce doit être la même température que celle d’une soupe bien chaude…

 

Les premiers repas doivent être donnés très liquides. On utilisera en particulier pour les premiers repas une solution de ringer lactate ou une solution glucosée pour effectuer la dilution. Ensuite, de l’eau bouillie ou de Volvic est utilisée.

 

Le jabot n’étant pas encore détendu, les premiers nourrissages seront peu chargés mais fréquents, toutes les 2H maximum, et il est même conseillé de nourrir la nuit au moins les 2 premiers jours. On augmentera la quantité et espacera les prises petit à petit. Il ne faut pas que l’oiseau reste plus d’une heure le jabot vide, et il doit digérer sa ration en moins de 2h les premiers jours.

 

Note : Ne jamais re-nourrir un oiseau qui n’a pas le jabot complètement vide !


 

La consistance de la pâtée, complètement liquide au début, devient plus épaisse et quand l’oiseau est sur le point d’ouvrir les yeux, comme une soupe épaisse.

L’oiseau naît sans plume, tout au plus recouvert d’un duvet les premiers jours. Il est très facile de suivre son évolution, qui est flagrante les premiers temps. Si vous utilisez une courbe de croissance, l’oiseau doit être pesé toujours à la même heure, et avant nourrissage (jabot vide).Certains se servent d’une balance de précision (au gramme près) pour contrôler la bonne croissance de l’oisillon.

        Pyrrhura molinae à 10 jours

 

 

 

L’ouverture des yeux correspond approximativement pour toutes les espèces au moment où l’oiseau doit être bagué (attention, cela varie pour certaines espèces…). Si l’on constate que l’oiseau a les yeux bien ouverts mais que la bague ne peut toujours pas être mise, il faut s’inquiéter et vérifier qu’il n’y ait pas de retard de croissance.

 Les repas vont s’espacer petit à petit, il sera possible de faire des nuits de 6H sans nourrissage (si la croissance est normale). Dans tous les cas, le repas doit être digéré en moins de 4H tant que l’oiseau n’est pas bien plumé. La fréquence des repas va passer de 6 par jour à l’ouverture des yeux (6H - 10H – 14H – 18H – 20H – 24H)  à 4 par jour quand l’oiseau est plumé (8H – 12H – 17H – 23H). Le premier repas de la journée est toujours absorbé plus rapidement que les autres.                                                                                                           


Pyrrhura molinae à 18 jours, jabot vide.

 

La pâtée donnée devient plus épaisse, comme de la pâte à crêpe. Si la pâtée est trop liquide, les fientes du jeune seront elles-aussi chargées d’eau et il se peut que l’apport nutritif soit trop faible, mais si elle est trop épaisse, il y a risque de déshydratation et de blocage de jabot (trop difficile à digérer).

 

Note : Un test utile pour vérifier l’épaisseur : si l’on prend de la pâtée dans une cuillère à café que l’on retourne, elle ne doit JAMAIS rester collée, même dans les derniers nourrissages.

 

La température ambiante va aussi diminuer progressivement, pour atteindre 25°C quand l’oiseau a le corps entièrement plumé.

 

Note : Ces horaires et températures doivent être adaptés en fonction de l’oiseau, de l’espèce, de sa croissance, etc. Si l’oiseau est faible, blessé, malade, présente un retard de croissance, digère trop lentement, c’est à l’éleveur de réagir en augmentant la température, nourrissant plus souvent et diluant plus la pâtée, etc.

 

 

Quand l’oiseau est plumé, il va commencer à vouloir marcher, battre des ailes, goutter les copeaux et les miettes par terre. C’est le moment, en plus des nourrissages, de lui présenter des graines (en général, ce sont des grappes de millet) et de le passer en cage.

La température va baisser toujours progressivement pour atteindre 20-22°C.

Les repas vont passer de 4 par jour à 3, 2 puis enfin un seul, toujours celui du soir pour que l’oiseau ne se couche pas le ventre vide.

 

 

Voici à titre d’exemple, les températures et horaires à respecter pour une perruche ondulée présentant un développement normal.

 

ATTENTION, ceci ne peut pas être appliqué tel quel pour d’autres espèces !

 

 

Jours 1 à 7

Jours 8 à 14

Jours 15 à 21

Jours 22 à 28

Jours 28 à 35

Croissance

Jour 1 : 2g sans duvet.

Jour 8 : baguage.

Jour 10 : le duvet sort et les yeux s’ouvrent.

Jour 14 : les tubes des ailes sortent.

Jour 21 : les plumes des ailes sont sorties.

Jour 28 : le corps est plumé.

Jour 30 : début de vol.

Jour 35 : sevrage.

T° ext.

37°C → 35°C

35°C → 32°C

32°C → 28°C

28°C → 25°C

25°C → 22°C

Quantité

1 goutte/repas → 1ml/repas

2ml/repas

3 ml/repas

4 à 5 ml/repas

4 à 5 ml/repas

Consistance

Liquide → soupe

Soupe → Pâte à crêpe

Pâte à crêpe → pâte à gâteau

 pâte à gâteau

 pâte à gâteau

Fréquence

Toutes les 2H →

6H – 9H – 12H – 15H – 18H – 21H – 24H

8H – 11H – 14H – 17H – 20H – 23H

8H – 12H – 16H – 20H – 23H

8H – 12H – 17H – 23H

1 repas matin

+ 1 repas soir

→1 repas soir

 


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8.     Les Problèmes les plus Courants

 

 

a)      C’est quoi ?

 

C’est une stase dans le jabot du bol alimentaire : la ration de gavage n’est pas assimilée et reste statique dans le jabot non fonctionnel.

Il s’agit d’une urgence vitale pour l’oiseau. Si l’éleveur n’intervient pas rapidement, l’oiseau sera mort dans les heures qui suivent.

 

b)      Que peut-on faire ?

 

On peut utiliser soit du jus de pomme, soit plus couramment du vinaigre de cidre dont les propriétés contribuent au bon fonctionnement du système digestif.

Entre autre, ces produits favorisent la digestion lente et créent des conditions favorables au renouvellement de la flore intestinale, en augmentant les enzymes.

Les propriétés sont donc multiples : Aident à la digestion et favorise la flore Gram+ (régénère la flore intestinale), nettoient le canal urinaire et permet de maintenir une solution acide. Ils aident également à éliminer les toxines, en étant adjuvant au drainage et au nettoyage des différents filtres de l’organisme (foie et reins en particulier). Enfin, ils préviennent les problèmes de constipation, de spasmes et les gaz intestinaux.

Il ne faut surtout pas donner une pâtée trop épaisse pour tenter de rattraper un retard de croissance, cela ne ferait qu’aggraver le problème.

 

c)      Causes les plus fréquentes :

 

Température de la pâtée et température extérieure : la pâtée proposée est trop froide alors qu’elle doit être impérativement  aux alentours de 35°c.

Ou alors, le jeune a froid, il dépense de l’énergie à  se réchauffer, s’épuise et ne parvient plus à digérer.

 

Onctuosité : une pâtée trop épaisse peut conduire à un blocage. Les premiers jours de vie, ce sera plutôt une solution hydratante, à peine chargée de poudre de pâtée. Puis on passe à partir de 5 jours à une « pâte à crêpes », puis à la « pâte à gâteaux » à partir de 15 jours ; Enfin une pâte épaisse jusqu’au sevrage.

 

Jabot non vidangé : si le jabot contient encore de la pâtée de la distribution précédente, il est dangereux de le recharger. Des bactéries peuvent en effet se développer dans la pâtée qui stagne au fond du jabot.

 

Candidoses : affections dues à des levures (Candida), qui mettent à mal de la fonction digestive. Il est impératif de demander conseil à un vétérinaire aviaire, qui prescrira un traitement adapté (en général type mycostatine).

 

 

 

d)      Comment agir :

 

Le facteur le plus important est le facteur temps. Plus on tarde à déceler un blocage de jabot, moins on laisse de chance de survie à l’oiseau.

En premier lieu, il faut vidanger le contenu du jabot et on dispose de deux méthodes :

 

·  On essaye de relancer la digestion de façon naturelle en introduisant dans le jabot du jus de pomme ou du vinaigre de cidre chaud. Les propriétés acides des deux favorisent par divers mécanismes le « redémarrage » de la digestion. Un massage du jabot aide à désagréger le contenu du jabot.

·  La deuxième méthode plus délicate parce que demandant des gestes techniques est à réserver à des personnes plus expérimentées dans la manipulation de matériels spécifiques et de l’oiseau. Elle consiste à introduire une sonde dans le jabot pour en vidanger le contenu par aspiration buccale de l’éleveur.

Une fois cette opération effectuée, il est nécessaire de rincer le jabot à l’aide d’une solution à base de vinaigre de cidre diluée à 50% avec de l’eau de Volvic (ou du sérum physiologique) à 35°c : il faut pour cela injecter la solution dans le jabot et la vidanger dans la foulée.

 

e)      Et après ?

 

Après un blocage de jabot, si l’oiseau a été sauvé, il est impératif de ré introduire l’alimentation progressivement. Pour cela, la pâtée devra être très légère (très diluée), à température et distribuée fractionnée, c'est-à-dire en plusieurs prises sur la journée (au moins le double qu’auparavant) et en quantités réduites.

 

·        Le retard de croissance :

 

a)      C’est quoi ?

 

L’oiseau EAM ne suit pas la courbe de poids de référence (il est en dessous), il présente des signes visibles de malnutrition, son plumage est peu développé et en retard, l’oiseau est amorphe. En général, les pattes sont « maigres », l’oiseau doit être bagué plus tard que la normale, preuve d’un amaigrissement important.

 

b)      Les causes :

 

·        Fréquence des repas trop espacée : L’éleveur doit nourrir plus souvent. Un bon principe veut que l’oiseau ne reste pas le jabot longtemps vide en tout cas les premières semaines sous peine de puiser dans son capital graisseux trop pauvre au détriment de son développement.

·        La quantité distribuée trop faible : Dans ce cas les conséquences sont les mêmes que celles citées précédemment. Un jabot plein est bien tendu et rebondi (pour les oiseaux pas encore plumés, on le distingue en haut des épaules).

·        Pâtée trop liquide : Si la pâtée administrée n’est pas assez riche en poudre, l’apport calorique est trop pauvre et par conséquent l’oiseau est en carence.

·        Un problème lié à la température : si la pâtée ingérée est trop froide ou que la température extérieure est insuffisante, le petit dépense inutilement de l’énergie pour se réchauffer, et grandit plus lentement.

·        Cause pathologique : Candidose, méga bactériose… en cas de suspicion, se mettre en rapport avec un vétérinaire aviaire pour effectuer des analyses et poser un diagnostic et s’il y a lieu traiter.

 

 

c)      Que faire :

 

Tout simplement corriger immédiatement une de ses causes identifiées + /- un complément vitaminé.

 

·        Les atteintes traumatiques :

 

Attention aux sondes, embouts et autres matériels utilisés qui peuvent léser les tissus et muqueuses de l’oiseau.

Toujours utiliser ces dispositifs en conservant leur intégrité. Si vous devez les recouper, veillez à ne pas laisser d’arrêtes vives ou potentiellement blessantes.

Une pâtée trop chaude peut occasionner des brûlures sur le trajet qu’elle emprunte jusqu’au jabot (langue, œsophage, jabot) et provoquer des lésions graves et/ou infectieuses.

Une astuce consiste à tester la température de votre pâtée sur votre lèvre supérieure (en dessous du nez) ou sur la partie du poignet à la base de la paume de la main.

 

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9.     Le sevrage : la phase la plus difficile.

 

 

Un bon moyen de savoir quel est l’âge idéal de sevrage est le moment où l’oiseau apprend à voler. Il faut commencer à lui présenter de la nourriture solide quand il commence à effectuer ses premières sorties.

 

Note : Un oiseau ne peut pas être sevré tant qu’il ne sait pas voler correctement.

 

 Il faut compter entre une semaine et un mois à partir de ce moment là pour terminer le sevrage, suivant les espèces.

Selon les espèces que vous EAM, l’âge du sevrage varie du simple au double. Ce qu’il est intéressant de retenir, c’est que c’est un cap difficile à passer pour votre oiseau en matière de mise à l’épreuve de son organisme.

En effet, durant cette période, vous allez réduire la fréquence et la quantité de nourrissage pour favoriser son autonomie et l’objectif est d’atteindre l’arrêt du gavage.

 

 

Le sevrage doit se faire en cage ou volière, et non dans une éleveuse. Il faut permettre à l’oiseau d’évoluer dans un environnement proche de celui où il vivra ensuite.

La difficulté réside dans le fait que votre oiseau quémande plus et reçoit moins. Il faut être rigoureux et tenace pour encourager l’oiseau à se nourrir seul. Si vous craquez et apportez trop de pâtée, le sevrage sera retardé et l’oiseau affaibli.

Il est préférable de donner le dernier repas par gavage le soir et non le matin ou en journée. Ainsi, l’oiseau ne se couche pas le ventre vide.

Cependant, c’est le moment ou il faut être très vigilent, bien observer le comportement de votre oiseau vis-à-vis de la nourriture et de l’eau.

Pour ce faire, on privilégie le millet en grappe qui est particulièrement recommandé pour « éveiller » les comportements alimentaires. On met à disposition une gamelle de graines en mélange approprié à l’oiseau  ainsi qu’une gamelle d’eau fraîche, le tout bien à disposition et facile d’accès.

On conseillera aussi de ne pas laisser l’oiseau seul pendant cette période, c’est à dire de le mettre avec d’autres oiseaux, si possible de son espèce, afin qu’ils apprennent les comportements de groupe avec ses congénères, et qu’ils prennent ses repères en tant qu’oiseau.

           

En cas  de sevrage difficile, il est fortement conseillé de placer le jeune avec d’autres oiseaux, si ce n’est pas déjà le cas. Il les imitera et apprendra mieux à manger de lui-même.

 

 

Si vous utilisez une courbe de poids, il ne faudra pas s’étonner que l’oiseau perde de sa masse corporelle (jusqu’à 20%), cela est dû au fait qu’il brûle des calories qui sont moindrement apportées par la main de l’éleveur et insuffisamment absorbées par l’oiseau lui-même.

Une fois le cap du sevrage passé, l’oiseau doit reprendre sa courbe de poids et celle-ci doit progresser à nouveau.


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10.    Les Erreurs à Eviter

 

Voici un petit récapitulatif des erreurs les plus courantes dans l’EAM.

 

-   Insérer de la pâtée dans les voies respiratoires : en sondant ou tout simplement en forçant trop un oisillon qui refuse de manger.

-   Blesser l’oiseau pendant le nourrissage: blessure dans la bouche avec l’embout de la seringue, blessure du jabot ou de l’œsophage avec la sonde : blessure mortelle selon gravité.

-   Ne pas attacher l’embout à la seringue/utiliser un embout trop petit : risque d’ingestion par l’oiseau. Dans ce cas, aller chez un vétérinaire dans les plus brefs délais : l’oiseau n’évacuera pas l’embout par voies naturelles et sera conduit à la mort à court ou moyen terme.

-   Utiliser de la pâtée « maison » : mortel pour l’oisillon, il est utopique d’espérer fabriquer une pâtée complète : contenant les bonnes proportions de graisses, protéines, enzymes, vitamines, oligo-éléments…

-   Placer la lampe chauffante trop près : risque de brûlures ou de déshydratation

-   Mettre un récipient d’eau non protégé pour humidifier l’air : risque de noyade !

-   Utiliser une litière poussiéreuse : irrite les yeux et les voies respiratoires.

-   Ne pas nettoyer les plumes après chaque nourrissage : ceci n’est pas mortel certes, mais peu esthétique et très désagréable pour l’oiseau. Il perdra beaucoup de la qualité de ses plumes.

 

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11.     L’EAM … et Après ?

 

 

Comme dit précédemment, l’EAM se limite essentiellement au nourrissage et l’habitude de la main de l’homme. Mais l’oiseau ne sera pas pour autant apprivoisé si on se limite à ça. Tout dépend des attentes de l’éleveur. De plus, certaines espèces nécessitent plus de manipulation que d’autres pour être apprivoisés, sont moins « imprégniables ». Ils en existent même qui ne s’apprivoisent quasiment pas, et redeviennent sauvages dès la maturité.

Si on destine l’oiseau à être de compagnie, il faut le manipuler dès la première prise en charge, le caresser, lui parler…et ce le plus souvent possible en respectant tout de même ses temps de repos !

Par la suite, l’éducation se fait toujours en douceur et dans un souci de respect mutuel. Vous devez respecter le fait qu’il n’ait pas systématiquement envie que vous le tripotiez, mais n’acceptez pas qu’il vous morde. Il ne sert à rien de forcer l’oiseau à faire quelque chose, il n’en retirera que dégoût et peur, et il perdra son apprivoisement.

Pyrrhuras molinae de 6 sem

 

Il va vous falloir aussi instaurer des règles qui vous faciliteront la vie : lui apprendre à rentrer dans sa cage sur demande ou à ne pas hurler pour vous appeler (plutôt lui apprendre à siffler ?).


 

 

L’erreur la plus courante avec les oiseaux de compagnie est l’anthropomorphisme. Ce nom barbare désigne la tendance qu’a l’homme de vouloir transposer son propre comportement et ses propres sentiments à l’animal.

Or, il est essentiel de respecter la nature du perroquet : il a besoin de voler, de s’occuper, doit avoir une nourriture adaptée, et surtout : il a besoin de la compagnie de ses semblables. Certes, laisser un oiseau EAM seul toute la journée pour qu’il soit débordant de joie de vous voir le soir est très agréable pour le propriétaire, mais absolument horrible à vivre pour l’oiseau.

Il est tout à fait possible d’avoir plusieurs oiseaux EAM ensemble, et que tout le monde cohabite parfaitement bien.

 

 

Le sevrage s’est bien passé : tant mieux ! L’éducation de l’oiseau se déroule bien : parfait !

Mais il ne faut pas relâcher votre travail, le jeune oiseau doit avoir de l’attention tous les jours, au moins une heure, sous peine de régresser voire par la suite de déprimer…

 

 

L’EAM n’étant pas forcément destiné à obtenir un oiseau de compagnie, la plupart des jeunes EAM retournent avec leurs semblables juste après sevrage.

Il n’y a pas de précautions particulières à prendre : si l’oiseau a été peu manipulé dans un souci de ne pas trop l’imprégner, son instinct le guidera vers les autres qui l’accepteront normalement.

Il est aussi possible de former un couple avec un oiseau EAM très apprivoisé et un oiseau EPP. Cependant, il est préférable que l’oiseau EAM ne soit pas resté seul avec l’homme trop longtemps.

 

Couple d’adultes EAM/EPP

 

Certaines espèces où l’apprentissage est aussi important que l’instinct (grands perroquets) acceptent difficilement un compagnon après plusieurs années de vie en exclusivité avec l’homme, et peuvent même se montrer mauvais parents.

Il y a de nombreux avantages à former un couple EAM/EPP : l’oiseau EAM même s’il redevient un peu sauvage (si on ne le manipule plus assez), accepte mieux la présence de l’homme lors des nichées et se montre moins émotif aux changements.

Avec de la patience, il est même possible que le partenaire EPP devienne très confiant envers l’homme.

Petit bémol cependant, certains oiseaux EAM mis en reproduction deviennent dangereux pour leur éleveur : n’ayant absolument pas peur de l’homme, ils défendent leur progéniture avec une violence non tempérée par la méfiance qu’il devrait avoir s’ils avaient été EPP… cela dépend de l’espèce et du caractère propre à l’oiseau, il est impossible de faire une généralité.
 

 

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     Conclusion

 

L’élevage à la main, à l’évidence, n’est pas réservé à l’élite du monde des éleveurs aviaires, il est possible de respecter scrupuleusement les recommandations et conseils qui ont été énoncés précédemment pour en être témoin et convaincu.

 

            Cependant, il faut insister sur le fait qu’il est toujours préférable d’apprendre auprès d’un éleveur expérimenté en EAM pour voir et pratiquer les gestes nécessaires auprès de lui,  plutôt que de « tenter le coup » en ne connaissant que la théorie… Nous insistons pour que tous comprennent qu’il n’est pas pensable de risquer la vie d’un oisillon avec des méthodes approximatives et un manque d’expérience.

                                                                                 

Gris du Gabon jabot plein

 

 

 

 

Enfin, a partir du moment où l’éleveur aura bien conscience que l’EAM est intimement lié à rigueur et disponibilité,
le poussin pris en charge en sera le premier bénéficiaire et
le dit éleveur le garant de la santé, de la croissance et de l’épanouissement de son protégé.

 

 

 

Sophie DUMAS (Syrius) & Patrick LAFFONT (Benague)