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par Raf » 15 nov. 2013 13:45
Salut.
Exotique, exotique, c'est presque du racisme … Disons plutôt ALLOCHTONES
Les oiseaux allochtones en France : statut et interactions avec les espèces indigènes
Philippe J. Dubois (vieil article de 2007 ou 2008)
PERRUCHE à€ COLLIER Psittacula krameri
Aire de répartition naturelle. Afrique centrale et occidentale, Asie, de l’Inde et du Pakistan au sud-est de ce continent.
Populations férales. Espèce introduite dans de nombreux pays. En Europe, d’importantes populations sont présentes en Grande-Bretagne (sans doute près de 10000 individus en 2004 ; Butler 2005), en Belgique (500 couples, mais de 5500 à 6000 individus comptés au mois de novembre 2001 à Bruxelles !), aux Pays-Bas (550-600 couples), en Allemagne (250-350 couples),mais aussi à Barcelone, Espagne (effectifs selon Japiot 2005).
La population britannique est constituée d’oiseaux originairesd’Asie (sous-espèces borealis etmanillensis, Pithon & Dytham 2001).
Historique en France. L’espèce a niché pour la première fois en liberté en France en 1990 dans le Loir-et-Cher. C’est au début des années 1990 que la Perruche à collier a commencé à nicher régulièrement en àŽle-de-France (Drancy, Seine-Saint-Denis) avec 5 à 10 couples (Dubois et al. 2001).
à€ Marseille, l’espèce a été contactée à partir de 1996 (une quinzaine d’oiseaux). C’est à partir de la fin des années 1990, qu’elle semble s’être durablement installée en France.
Statut et effectifs. L’enquête nationale a permis opportunément de faire le point sur l’état de la population française. Il est très difficile de recenser les nicheurs, mais les dortoirs permettent en revanche de quantifier les effectifs locaux. En 2006, la population française est d’environ 1000 individus (895-1075 individus), et ce chiffre est probablement sous-estimé, car beaucoup de recensements sont partiels, les dortoirs n’ayant pas été localisés dans de nombreux cas. Trois populations principales existent (fig. 10) :
• dans le département duNord, une petite population est présente depuis le début des années 2000 dans le secteur Roubaix-Villeneuve d’Ascq. Elle compte aumoins 20 couples nicheurs et au moins 80 individus (P.-R. Legrand, G. Lepoutre et al.) ;
• en àŽle-de-France, il est difficile de parler d’un seul noyau, car en réalité, il existe plusieurs petites populations, qui ne sont peut-être pas toutes en relation les unes avec les autres. La plus importante se situe dans le secteur Antony, Chatenay-Malabry, L’Haà¿-les-Roses, Cachan, Sceaux, à cheval sur les départements des Hauts-de-Seine, de l’Essonne et du Val-de-Marne. La seconde (peut-être en relation avec la précédente) se trouve dans le secteur Lonjumeau,Chilly-Mazarin,Wissous, Ablon-sur-Seine (Essonne et Val-de-Marne). Une troisième est située dans le nord de la région :
Sarcelles, Mareil-en-France et Roissy-en-France (Val-d’Oise), mais aussi vers Drancy et La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Enfin, il y a peut-être une petite population pérenne dans le parc du château de Versailles, Yvelines. Au total, on peut estimer la population francilienne à 475-525 oiseaux (X. Japiot, F.Malher,P.Mur,A.Vinot et al.) ;
• dans leMidi, à Marseille, Bouches-du-Rhône, les effectifs sont difficiles à recenser, mais il y a au moins 250 oiseaux (F. Dhermain). L’espèce est également nicheuse dans le secteur de Fréjus, Var, avec au moins 30 à 60 oiseaux (D. Huin) et sûrement ailleurs (vers Six-Fours-les-Plages ?). L’espèce est nicheuse dans le Vaucluse (un couple à L’Islesur- Sorgue) et dans les Alpes-Maritimes (Cannes, 2 couples,mais sans doute plus,C. Abraham). Au total, la population de la région Provence-Alpes- Côte-d’Azur pourrait atteindre 300 à 400 oiseaux (F. Dhermain). Un couple s’est peut-être reproduit en 2004 à Sigean, Aude (G. Olioso, comm. pers.) et l’espèce a été trouvée dans la vallée du Lez à Montpellier, Hérault, en 2007 (5-6 couples et jusqu’à 18 individus, X. Rufray, comm. pers.). Ailleurs en France, 2-3 couples nichent à Nancy, Meurthe-et-Moselle (T. Besançon, J. François), et plusieurs cas, possibles ou certains, ont été rapportés de Bretagne (Côtes-d’Armor, Finistère, Morbihan) ces dernières années. L’espèce est en catégorie C de la Liste des Oiseaux de France. Reproduction. Il y a peu d’informations sur la reproduction. L’espèce recherche visiblement les grands parcs bien plantés, y compris au coeur même des villes. Les platanes sont signalés plusieurs fois comme arbre d’élection (T. Besançon, F. Dhermain, P.-R. Legrand), mais c’est surtout les cavités qu’elle recherche, puisqu’elle est cavernicole.
Plusieurs observateurs indiquent avoir vu cette perruche sortir d’une loge de Pic vert Picus viridis (G. Olioso, A. Vinot). En période de reproduction, les oiseaux se dispersent, deviennent très discrets et il est alors difficile de les localiser.
Tendance. L’accroissement de la population française est considérable depuis le début des années 2000. Le développement actuel en àŽle-de-France est similaire à celui noté par le passé dans de grandes villes comme Londres ou Bruxelles. Il est probable qu’il y ait plusieurs milliers d’oiseaux en France avant la fin de cette décennie. L’espèce est à présent signalée, souvent ponctuellement, dans de nombreuses régions françaises, mais en augmentation comme dans la région Rhône-Alpes ou dans les Pays-de-la-Loire. Elle amême été notée en juin 2007 (hors période d’enquête) à Propriano, Corse-du-Sud. Menaces, interactions et gestion. Plusieurs travaux ont montré le risque encouru par l’avifaune cavernicole autochtone face à la présence de la Perruche à collier. La concurrence directe avec des espèces comme le Pigeon colombin Columba oenas et la Chevêche d’Athéna Athene noctua est avérée (Jacob in Devillers et al. 1988). Dans le sud de la France, des craintes sérieuses sont formulées sil’espèce continue sa progression et s’implante en Crau et Camargue, notamment pour le Rollier d’EuropeCoracias garrulus, autre espèce cavernicole.
En àŽle-de-France, des Perruches à collier ont été vues attaquant et tuant un Écureuil roux Sciurus vulgaris (Japiot 2005). Il y a sans doute concurrence directe entre les deux espèces pour les cavités et l’écureuil peut être un prédateur potentiel des oeufs de perruche (J.-P. Jacob). La Perruche à collier peut harceler un Faucon crécerelle Falco tinnunculus (P. Noël in Japiot op. cit.) ou des laridés, voire un Héron cendré Ardea cinerea (M. Wauters) en les poursuivant en groupe. Selon ce dernier observateur, le groupe encercle (en vol) et poursuit inlassablement la « victime ». Pour les végétaux, les Perruches à collier peuvent mettre à sac un arbre fruitier en un temps record (F. Dhermain). Cet observateur rapporte également qu’à Digne-les-Bains, Alpes-de-Haute- Provence, en mars 2004, il y a eu conflit avec l’administration de l’hôpital de la ville, une Perruche à collier s’en prenant aux joints des parebrises des voitures ! Cependant, les habitants des lieux citadins où vivent les Perruches à collier ne semblent pas se plaindre de l’espèce.
Conclusion:
La Perruche à collier reste, en Europe, très inféodée aux grandes villes. Sans doute y trouve-t-elle une nourriture accessible et des conditions de température meilleures qu’à la campagne. Ces facteurs peuvent en effet contraindre les psittacidés féraux à rester dans les limites des zones urbaines sans chercher à se répandre ailleurs (Butler 2005). C’est le cas actuellement des inséparables à l’est de Nice. Les Perruches à collier restent également très citadines en France. La concurrence est donc limitée aux espèces également citadines. Les conditions climatiques allant vers un réchauffement global, il est possible que la Perruche à collier puisse se développer davantage et ne pas rester limitée aux agglomérations. Avec, dans ce cas, un risque accru de concurrence avec des espèces cavernicoles comme les pics ou, dans le Sud, le Rollier d’Europe.
Laurent Daymard
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