Le Touraco de Ruspoli in situ, le Touraco Violet ex situ
Le centre de préservation de la vie sauvage Al Wabra au Qatar (AWWP):
site web : http://awwp.alwabra.com
La centre de préservation Al Wabra dont le propriétaire est le Cheikh Saoud Bin Mohammad Bin Ali Al-Thani (ndlr : membre de la famille royale Qatari) a depuis longtemps développé un intérêt pour la recherche d'informations sur les espèces de Touracos les moins connues. Ils ont donc décidé d'investir lourdement dans ce domaine et en se concentrant tout d'abord sur deux espèces, les recherches ont été menées in situ pour le Touraco Ruspolii et ex situ pour le Touraco violet.
Expérience in situ : Le Touraco de Ruspoli (Tauraco Ruspolii) :
Ce Touraco reste l'un des moins connus et se retrouve dans une aire de distribution très limitée : Centre Sud de l'Ethiopie. Il apparaît que ces touracos sont étroitement liés à la présence d'une forêt de Juniper ou Genévrier ( ndlr : http://fr.gardening.eu/plantes/Arbustes ... iana/3428/ ) dans cette région. En 2003, l'association AWWP employa un biologiste Italien, M. Luca Borghesio, afin de répondre à certaines questions qui demeuraient sans réponse et si possible d'enquêter sur les mesures qui permettraient d'assurer la protection du Touraco de Ruspoli dans son milieu naturel et la préservation de son habitat. Il rassembla alors une équipe de recherches pour monter une expédition en Éthiopie. Cette opération fut menée en collaboration avec : l'Ethiopian Wildlife Natural History Society et l'Ethiopian Wildlife Conservation Organization.
L'étendue de la forêt de Juniper et la disparition progressive de celle-ci durant les dernières décennies furent estimées en comparant de récentes images satellites avec d'autres datant du milieu des années 80. Les observations furent confirmées par des visites dans certaines zones clés de cette région. Les études prouvèrent que le Touraco de Ruspoli était également présent dans les zones bordant son habitat préféré (forêt de Genévriers) et que la présence d'hybrides était à signaler dans cette zone : ces hybrides sont le fruit d'accouplements entre le Touraco de Ruspoli et le Touraco à joues blanches (Tauraco Leucotis).
En se basant sur des données historiques concernant la distribution du Touraco à joues blanches, et sur le fait que l'apparition ou plutôt l'observation des premiers hybrides est très récente, il est presque certain que l'on a à faire à un changement récent de comportement et donc à un récent changement d'habitat de la part de certains Touracos de Ruspoli. Au sein de son habitat de prédilection, la densité de population est plus importante que celle attendue, mais cet habitat se rétrécit à vive allure. Les études apportèrent des preuves concluantes pour valider la recommandation de l'IUCN / birdlife de ré-évaluer le statut de menace de cette espèce et de le passer du statut de « Vulnérable » à celui de « En danger ». Les recherches sur le terrain donnèrent également de très bonnes indications concernant le récurrent problème humanitaire dans la région. Le manque de bois pour le feu est un problème majeur pour la population locale et le manque d'eau à la surface rendent très difficile toute culture. C'est pourquoi, les autochtones, coupent les arbres sans aucune distinction et qui pourrait les blâmer? Les chèvres sauvages sont un autre problème : elles demeurent complètement incontrôlées et détruisent la forêt, même dans les endroits les plus isolés, elles détruiraient aussi le sol propice à la pousse des jeunes Genévriers de par les impacts de leurs sabots sur le sol.
Une solution pour améliorer la situation serait d'aider les populations locales à s'occuper eux-mêmes de la région : en leur apprenant à faire meilleur usage des ressources naturelles à leur disposition et en même temps, les sensibiliser à leur milieu en faisant en sorte qu'ils apprécient à sa juste valeur leur forêt de Genévriers. Il y également des possibilités pour améliorer l'activité fermière dans cette région, notamment en pompant les nappes d'eau souterraines et en contrôlant les chèvres. Des manières plus efficaces de brûler le bois pourrait également être introduites et présentées aux populations locales. Par exemple une utilisant de simples poêles en métal plutôt que des foyers ouverts où l'on fait griller ses aliments sur des broches. L'Afrique du Nord-Est, incluant une grande partie du territoire Éthiopien, semble irréversiblement affectée par des changements climatiques directement ou indirectement induits par l'activité humaine. Dans quelques régions du monde, comme celle évoquée ici, on peut facilement constater les conséquences du changement de climat : des périodes de sécheresse de plus en plus longues, des pluies de plus en plus rares et des températures toujours plus élevées. La manière dont ces facteurs influent sur l'habitat des Touracos de Ruspoli demeure inconnue, mais il est certain que ce facteur additionnel n'améliore en rien la préservation de l'habitat des Ruspoli.
Expérience ex situ : le Touraco Violet (Musophaga Violacea)
Utilisant le Touraco violet comme modèle de référence, l'AWWP, espère pouvoir identifier les besoins des Touracos détenus en captivité et par la même occasion observer la manière dont ils répondent aux conditions de détention au Qatar (ndlr : données météorologiques : http://www.vacanceo.com/meteo/pays-pid_109.php ). Avec ces informations, l'AWWP pourrait ainsi continuellement améliorer les conditions de détention de leurs Touracos. Ils pourront aussi tirer des conclusions sur la possibilité de conserver les espèces de Touracos en danger dans leur habitat naturel, comme le Touraco de Ruspoli par exemple qui n'est pour l'instant pas maintenu en aviculture.
Le Touraco violet originaire d'Afrique de l'ouest a un comportement très similaire à celui de la plupart des espèces de Touracos incluant le Touraco de Ruspoli. Ils se nourrissent principalement de fruits, tout spécialement de figues, mais leurs goûts sont variés et rares sont les fruits qui ne leur stimulent pas les papilles gustatives. Il arrive également que les Touracos mangent des insectes avec une nette préférence pour les termites.
Les oiseaux sont fréquemment observés par paires, mais peuvent occasionnellement être aperçus en petits groupes, notamment autour de leurs arbres fruitiers favoris ou à proximité des points d'eau. D'autre part, les Touracos sont très territoriaux et le font bruyamment savoir à leurs congénères. Leurs nids ressemblent beaucoup à des nids de pigeons et les oisillons quittent très tôt le nid, souvent avant trois semaines et même parfois avant qu'ils ne sachent voler. Au lieu de voler, ils grimpent sur l'arbre où se situe le nid utilisant leurs griffes et leurs ailes pour s'accrocher. Habituellement, un ou deux Å“ufs sont pondus et les deux parents se relayent pour les couver. La période d'incubation du Touraco violet est un peu plus longue que celui de la plupart des autres espèces : 24 à 26 jours au lieu de 18 à 21 jours pour beaucoup d'autres.
Entre 2000 et 2005, plus de 22 oisillons sont nés au sein de la fondation AWWP et ont tous été soit EAM soit EPP avec succès.
Les Touracos violets sont vite perturbés par les autres oiseaux, en particulier par les individus de leur propre espèce et ce même si ils sont maintenus dans des cages séparées. Il est donc essentiel de maintenir les couples de Touracos isolés du reste des oiseaux ou tout au moins à bonne distance. L'AWWP a essayé de faire reproduire des Touracos dans de petites volières communes et dans de grandes volières de vol libre mais toutes ces tentatives ont échoué du fait de la présence de plusieurs couples. C'est également vrai pour les couples de jeunes adultes. Pour un couple, une volière de 8m de long x 5m de large x 4m de haut est fortement conseillé, il faut également que la volière soit plantée et propose de nombreuses cachettes et endroits dérobés. Il est également intéressant d'installer un système de brumisateur (ndlr : rappelons que l'AWWP se trouve au Qatar). Les nids devront être placés en hauteur dans un endroit ombragé. Cette méthode d'élevage a largement fait ses preuves au sein de l'AWWP et garantit le bien-être et la prolifération des Touracos.
Les Touracos violets adultes semblent bien s'adapter aux conditions climatiques Qatari, que ce soit sous l'étouffante chaleur septentrionale (jusqu'à 55°C) ou pendant la période hivernale où les températures peuvent descendre jusqu'à 5°C. Cependant, les jeunes oiseaux, particulièrement les oisillons au nid et les Å“ufs, souffre de la chaleur, un système de climatisation fut alors installé.
Les Touracos sont souvent nerveux et facilement effrayés. Cela est particulièrement vrai pour les oiseaux venant d'arriver en volière, et le personnel de la fondation a pu observer quelques oiseaux avec des blessures ou même morts après avoir voler contre les parois de la volière. Utiliser un grillage flexible réduit énormément ce risque. Les Touracos sont également nerveux lorsqu'on les manipule, il faut donc éviter de les garder trop longtemps tenus en main, surtout pendant les périodes chaudes. Notez aussi que les Touracos sont extrêmement souples et les plumes mal attachées, ils peuvent donc facilement s'échapper des mains d'éleveurs expérimentés.
A plusieurs occasions, des agressions de la part du mâle envers les oisillons ont été suspectées. Pour beaucoup d'espèces de Touracos, les mâles sont reconnus pour tuer leur conjoint, alors beaucoup de soins doivent être accordés à la réalisation de cachettes dans la volière, que ce soit au sol ou en hauteur. Il est également intéressant de signaler que les accouplements sont souvent précédés d'un rituel qui consiste en ce que le mâle pourchasse sa femelle. Dans de trop petites cages ou des cages n'offrant pas de cachettes à la femelle, ces jeux de cache-cache deviennent très vite agressifs.
Le régime à l'AWWP est principalement constitué de fruits frais, en particulier des bananes, des poires et de la papaye. Les Touracos sont nourris quotidiennement, avec parfois des apports différents : pomme, mangue, raisins ainsi que d'autres fruits de saisons locaux. De la verdure est également proposée sous la forme de persil et de temps en temps des pissenlits. En addition à ce menu, les Touracos se voient proposé un mix insectivore sec au cours de la matinée et des granulés pour frugivores au cours de l'après-midi. Quelques vers de farine sont normalement donnés une à deux fois par semaine mais les rations sont augmentés en période de sevrage et de couvaison.
Les Touracos ont un métabolisme complexe et nécessitent beaucoup d'apports alimentaires, ils mangent des quantités importantes de nourriture, plus particulièrement des fruits : plus de 100gr par jour par individu. Les autres composants de leur ration alimentaire doivent être distribués avec parcimonie afin de lutter contre l'obésité et les problèmes de santé qui y sont liés.
Le nid est constitué de nombreux branchages différents. Certains couples n'utilisent aucun matériel de nidification et se contentent de pondre leurs Å“ufs directement dans les petits nids paniers qui sont à leur disposition. Il est cependant très important de leur mettre à disposition du matériel pour la construction du nid afin de retenir au mieux les yeux et plus important pour donner des points d'accroche aux oisillons après éclosion. Les oiseaux préfèrent utiliser des nids panier placés en hauteur dans la volière, de préférence dans un coin sombre. Il est important de disposer des arbustes ou échelles à proximité du nid afin que les oisillons qui en sortent puissent y retourner facilement, en effet les petits Touracos quittent généralement le nid avant de savoir voler. Des paniers classiques d'environ 20cm de diamètre feront très bien l'affaire. Il semblerait qu'une préférence soit accordée aux nids avec des rebords relativement hauts. Un nid en bois de 22 x 22cm et de 15cm de haut avec de la tourbe au fond est également une bonne alternative.
Les Å“ufs de Touracos sont d'un blanc pur et très ronds, presque tous sphériques, ils sont relativement fragiles. Les jeunes sont entièrement recouverts de duvet noir à la naissance. Ils ouvrent leurs yeux dès le premier jour et après une semaine les premières plumes apparaissent sur les ailes.
Lorsqu'ils sont EAM, les oisillons sont nourris de mix de pulpes de fruits en addition à une pâté pour perroquets, le mélange est administré avec une seringue. Graduellement, de plus en plus de morceaux de fruits et de petits granulés pour frugivores sont rajoutés à la ration et peuvent être administré grâce à l'utilisation de forceps. Une petite quantité de vitamines et minéraux doivent être rajoutés à chaque ration afin d'éviter tout problème de carence et de développement osseux. Les oisillons sont nourris toutes les 30min pendant environ 14h par jour, les soigneurs leur laissent donc une période de 8h de repos durant la nuit. Les intervalles de nourrissage sont graduellement augmentés jusqu'à 3 heures au bout du 20ème jour. A ce moment, on peut déjà proposer aux jeunes de la nourriture dans des mangeoires. Il est avantageux de sevrer l'oiseau tôt pour éviter l'imprégnation humaine sur l'oiseau. La température doit être de 37°C dans l'éleveuse juste après l'éclosion mais doit être par la suite graduellement diminuée jusqu'à 30°C au bout du 20ème jour.
Résumé des informations relevées suite à l'observation du Touraco Violet ex situ :
la volière doit être spacieuse, de préférence un peu plus grande que les personnes se trouvant à l'extérieur de la volière.
La maille utilisée pour la conception de la volière devra être aussi flexible que possible afin d'éviter aux Touracos de se blesser voir de se tuer en volant contre la paroi de leur volière.
Si l'on veut faire cohabiter des Touracos avec d'autres oiseaux, il est très important d'observer les comportements intra-espèces et inter-espèces. Utiliser des portes coulissantes à l'intérieur de la volière est un bon outil pour éviter des problèmes d'agressivité. Cela peut également servir lors de la période de reproduction pour isoler le couple voir isoler le mâle des oisillons.
Les couples reproducteurs de Touracos violets en particulier doivent de préférence être mis à l'écart des autres individus de leur espèce.
En dehors de la période de reproduction, il faut éviter de mettre les Touracos par groupes de trois (ndlr : comme pour la plupart des espèces d'ailleurs).
Les Touracos violets peuvent reproduire dans leur deuxième année. La plus jeune femelle ayant menée à terme une couvée à l'AWWP était âgé de 1 an et 5 mois.
Les jeunes sont très sensibles jusqu'à l'âge de six mois et sont souvent sujets aux agressions de la part d'autres oiseaux. Les jeunes EPP devront être rapidement retirés après le sevrage dans la mesure où le père peut devenir très agressif envers eux, d'autant plus si le couple a entamé une nouvelle ponte. Il est alors intéressant de placer les jeunes dans une cage à l'intérieur de la volière des parents car la mère continue généralement à les nourrir à travers le grillage.
Certains couples de Touracos ne sont pas très habiles dans la création de leur nid, c'est pourquoi il est préférable de leur disposer leur matériel de nidification directement dans le nid (petites branches, foin …). Cela aidera les oiseaux à mieux positionner les Å“ufs et donnera la possibilité aux oisillons de s'accrocher à quelque chose. Cela permettra d'éviter quelques problèmes de chutes du nid.
Des transferts ou autres dérangements majeurs perturberont grandement la reproduction, souvent pour toute la saison.
Les Touracos sont très sujets au stress et il peut arriver qu'ils meurent suite à une manipulation trop longue, il est ainsi conseillé de les placer directement dans une boîte de transport après les avoir attrapé.
Les oisillons EAM qui ont reçu un minimum d'attention de la part de leur soigneur deviennent de bons parents et font preuve d'un comportement tout à fait approprier vis à vis de leurs congénères. Si ils sont cependant trop imprégnés, alors ils deviendront très agressifs envers les humais durant la période de reproduction.
Ajouter des végétaux dans le régime alimentaire évitera la destruction des arbres etc. plantés dans la volière. Différentes feuilles, salades ou fleurs feront l'affaire.
Il ne semble pas que les Touracos violets aient une saison de reproduction fixe en captivité. La plupart commencent la saison au début du Printemps et la prolongent jusqu'en Novembre.
Le poids moyen d'un Touraco violet adulte à l'AWWP est d'environ 340gr pour les mâles et 305gr pour les femelles.
Le régime alimentaire des parents devra être adapté uniquement lorsque des oisillons seront nés et pas avant. On pourra dès lors distribuer la nourriture en plus grande quantité.
Un couple est généralement très fidèle à son nid et l'utilisera systématiquement par la suite.
site web : http://awwp.alwabra.com
La centre de préservation Al Wabra dont le propriétaire est le Cheikh Saoud Bin Mohammad Bin Ali Al-Thani (ndlr : membre de la famille royale Qatari) a depuis longtemps développé un intérêt pour la recherche d'informations sur les espèces de Touracos les moins connues. Ils ont donc décidé d'investir lourdement dans ce domaine et en se concentrant tout d'abord sur deux espèces, les recherches ont été menées in situ pour le Touraco Ruspolii et ex situ pour le Touraco violet.
Expérience in situ : Le Touraco de Ruspoli (Tauraco Ruspolii) :
Ce Touraco reste l'un des moins connus et se retrouve dans une aire de distribution très limitée : Centre Sud de l'Ethiopie. Il apparaît que ces touracos sont étroitement liés à la présence d'une forêt de Juniper ou Genévrier ( ndlr : http://fr.gardening.eu/plantes/Arbustes ... iana/3428/ ) dans cette région. En 2003, l'association AWWP employa un biologiste Italien, M. Luca Borghesio, afin de répondre à certaines questions qui demeuraient sans réponse et si possible d'enquêter sur les mesures qui permettraient d'assurer la protection du Touraco de Ruspoli dans son milieu naturel et la préservation de son habitat. Il rassembla alors une équipe de recherches pour monter une expédition en Éthiopie. Cette opération fut menée en collaboration avec : l'Ethiopian Wildlife Natural History Society et l'Ethiopian Wildlife Conservation Organization.
L'étendue de la forêt de Juniper et la disparition progressive de celle-ci durant les dernières décennies furent estimées en comparant de récentes images satellites avec d'autres datant du milieu des années 80. Les observations furent confirmées par des visites dans certaines zones clés de cette région. Les études prouvèrent que le Touraco de Ruspoli était également présent dans les zones bordant son habitat préféré (forêt de Genévriers) et que la présence d'hybrides était à signaler dans cette zone : ces hybrides sont le fruit d'accouplements entre le Touraco de Ruspoli et le Touraco à joues blanches (Tauraco Leucotis).
En se basant sur des données historiques concernant la distribution du Touraco à joues blanches, et sur le fait que l'apparition ou plutôt l'observation des premiers hybrides est très récente, il est presque certain que l'on a à faire à un changement récent de comportement et donc à un récent changement d'habitat de la part de certains Touracos de Ruspoli. Au sein de son habitat de prédilection, la densité de population est plus importante que celle attendue, mais cet habitat se rétrécit à vive allure. Les études apportèrent des preuves concluantes pour valider la recommandation de l'IUCN / birdlife de ré-évaluer le statut de menace de cette espèce et de le passer du statut de « Vulnérable » à celui de « En danger ». Les recherches sur le terrain donnèrent également de très bonnes indications concernant le récurrent problème humanitaire dans la région. Le manque de bois pour le feu est un problème majeur pour la population locale et le manque d'eau à la surface rendent très difficile toute culture. C'est pourquoi, les autochtones, coupent les arbres sans aucune distinction et qui pourrait les blâmer? Les chèvres sauvages sont un autre problème : elles demeurent complètement incontrôlées et détruisent la forêt, même dans les endroits les plus isolés, elles détruiraient aussi le sol propice à la pousse des jeunes Genévriers de par les impacts de leurs sabots sur le sol.
Une solution pour améliorer la situation serait d'aider les populations locales à s'occuper eux-mêmes de la région : en leur apprenant à faire meilleur usage des ressources naturelles à leur disposition et en même temps, les sensibiliser à leur milieu en faisant en sorte qu'ils apprécient à sa juste valeur leur forêt de Genévriers. Il y également des possibilités pour améliorer l'activité fermière dans cette région, notamment en pompant les nappes d'eau souterraines et en contrôlant les chèvres. Des manières plus efficaces de brûler le bois pourrait également être introduites et présentées aux populations locales. Par exemple une utilisant de simples poêles en métal plutôt que des foyers ouverts où l'on fait griller ses aliments sur des broches. L'Afrique du Nord-Est, incluant une grande partie du territoire Éthiopien, semble irréversiblement affectée par des changements climatiques directement ou indirectement induits par l'activité humaine. Dans quelques régions du monde, comme celle évoquée ici, on peut facilement constater les conséquences du changement de climat : des périodes de sécheresse de plus en plus longues, des pluies de plus en plus rares et des températures toujours plus élevées. La manière dont ces facteurs influent sur l'habitat des Touracos de Ruspoli demeure inconnue, mais il est certain que ce facteur additionnel n'améliore en rien la préservation de l'habitat des Ruspoli.
Expérience ex situ : le Touraco Violet (Musophaga Violacea)
Utilisant le Touraco violet comme modèle de référence, l'AWWP, espère pouvoir identifier les besoins des Touracos détenus en captivité et par la même occasion observer la manière dont ils répondent aux conditions de détention au Qatar (ndlr : données météorologiques : http://www.vacanceo.com/meteo/pays-pid_109.php ). Avec ces informations, l'AWWP pourrait ainsi continuellement améliorer les conditions de détention de leurs Touracos. Ils pourront aussi tirer des conclusions sur la possibilité de conserver les espèces de Touracos en danger dans leur habitat naturel, comme le Touraco de Ruspoli par exemple qui n'est pour l'instant pas maintenu en aviculture.
Le Touraco violet originaire d'Afrique de l'ouest a un comportement très similaire à celui de la plupart des espèces de Touracos incluant le Touraco de Ruspoli. Ils se nourrissent principalement de fruits, tout spécialement de figues, mais leurs goûts sont variés et rares sont les fruits qui ne leur stimulent pas les papilles gustatives. Il arrive également que les Touracos mangent des insectes avec une nette préférence pour les termites.
Les oiseaux sont fréquemment observés par paires, mais peuvent occasionnellement être aperçus en petits groupes, notamment autour de leurs arbres fruitiers favoris ou à proximité des points d'eau. D'autre part, les Touracos sont très territoriaux et le font bruyamment savoir à leurs congénères. Leurs nids ressemblent beaucoup à des nids de pigeons et les oisillons quittent très tôt le nid, souvent avant trois semaines et même parfois avant qu'ils ne sachent voler. Au lieu de voler, ils grimpent sur l'arbre où se situe le nid utilisant leurs griffes et leurs ailes pour s'accrocher. Habituellement, un ou deux Å“ufs sont pondus et les deux parents se relayent pour les couver. La période d'incubation du Touraco violet est un peu plus longue que celui de la plupart des autres espèces : 24 à 26 jours au lieu de 18 à 21 jours pour beaucoup d'autres.
Entre 2000 et 2005, plus de 22 oisillons sont nés au sein de la fondation AWWP et ont tous été soit EAM soit EPP avec succès.
Les Touracos violets sont vite perturbés par les autres oiseaux, en particulier par les individus de leur propre espèce et ce même si ils sont maintenus dans des cages séparées. Il est donc essentiel de maintenir les couples de Touracos isolés du reste des oiseaux ou tout au moins à bonne distance. L'AWWP a essayé de faire reproduire des Touracos dans de petites volières communes et dans de grandes volières de vol libre mais toutes ces tentatives ont échoué du fait de la présence de plusieurs couples. C'est également vrai pour les couples de jeunes adultes. Pour un couple, une volière de 8m de long x 5m de large x 4m de haut est fortement conseillé, il faut également que la volière soit plantée et propose de nombreuses cachettes et endroits dérobés. Il est également intéressant d'installer un système de brumisateur (ndlr : rappelons que l'AWWP se trouve au Qatar). Les nids devront être placés en hauteur dans un endroit ombragé. Cette méthode d'élevage a largement fait ses preuves au sein de l'AWWP et garantit le bien-être et la prolifération des Touracos.
Les Touracos violets adultes semblent bien s'adapter aux conditions climatiques Qatari, que ce soit sous l'étouffante chaleur septentrionale (jusqu'à 55°C) ou pendant la période hivernale où les températures peuvent descendre jusqu'à 5°C. Cependant, les jeunes oiseaux, particulièrement les oisillons au nid et les Å“ufs, souffre de la chaleur, un système de climatisation fut alors installé.
Les Touracos sont souvent nerveux et facilement effrayés. Cela est particulièrement vrai pour les oiseaux venant d'arriver en volière, et le personnel de la fondation a pu observer quelques oiseaux avec des blessures ou même morts après avoir voler contre les parois de la volière. Utiliser un grillage flexible réduit énormément ce risque. Les Touracos sont également nerveux lorsqu'on les manipule, il faut donc éviter de les garder trop longtemps tenus en main, surtout pendant les périodes chaudes. Notez aussi que les Touracos sont extrêmement souples et les plumes mal attachées, ils peuvent donc facilement s'échapper des mains d'éleveurs expérimentés.
A plusieurs occasions, des agressions de la part du mâle envers les oisillons ont été suspectées. Pour beaucoup d'espèces de Touracos, les mâles sont reconnus pour tuer leur conjoint, alors beaucoup de soins doivent être accordés à la réalisation de cachettes dans la volière, que ce soit au sol ou en hauteur. Il est également intéressant de signaler que les accouplements sont souvent précédés d'un rituel qui consiste en ce que le mâle pourchasse sa femelle. Dans de trop petites cages ou des cages n'offrant pas de cachettes à la femelle, ces jeux de cache-cache deviennent très vite agressifs.
Le régime à l'AWWP est principalement constitué de fruits frais, en particulier des bananes, des poires et de la papaye. Les Touracos sont nourris quotidiennement, avec parfois des apports différents : pomme, mangue, raisins ainsi que d'autres fruits de saisons locaux. De la verdure est également proposée sous la forme de persil et de temps en temps des pissenlits. En addition à ce menu, les Touracos se voient proposé un mix insectivore sec au cours de la matinée et des granulés pour frugivores au cours de l'après-midi. Quelques vers de farine sont normalement donnés une à deux fois par semaine mais les rations sont augmentés en période de sevrage et de couvaison.
Les Touracos ont un métabolisme complexe et nécessitent beaucoup d'apports alimentaires, ils mangent des quantités importantes de nourriture, plus particulièrement des fruits : plus de 100gr par jour par individu. Les autres composants de leur ration alimentaire doivent être distribués avec parcimonie afin de lutter contre l'obésité et les problèmes de santé qui y sont liés.
Le nid est constitué de nombreux branchages différents. Certains couples n'utilisent aucun matériel de nidification et se contentent de pondre leurs Å“ufs directement dans les petits nids paniers qui sont à leur disposition. Il est cependant très important de leur mettre à disposition du matériel pour la construction du nid afin de retenir au mieux les yeux et plus important pour donner des points d'accroche aux oisillons après éclosion. Les oiseaux préfèrent utiliser des nids panier placés en hauteur dans la volière, de préférence dans un coin sombre. Il est important de disposer des arbustes ou échelles à proximité du nid afin que les oisillons qui en sortent puissent y retourner facilement, en effet les petits Touracos quittent généralement le nid avant de savoir voler. Des paniers classiques d'environ 20cm de diamètre feront très bien l'affaire. Il semblerait qu'une préférence soit accordée aux nids avec des rebords relativement hauts. Un nid en bois de 22 x 22cm et de 15cm de haut avec de la tourbe au fond est également une bonne alternative.
Les Å“ufs de Touracos sont d'un blanc pur et très ronds, presque tous sphériques, ils sont relativement fragiles. Les jeunes sont entièrement recouverts de duvet noir à la naissance. Ils ouvrent leurs yeux dès le premier jour et après une semaine les premières plumes apparaissent sur les ailes.
Lorsqu'ils sont EAM, les oisillons sont nourris de mix de pulpes de fruits en addition à une pâté pour perroquets, le mélange est administré avec une seringue. Graduellement, de plus en plus de morceaux de fruits et de petits granulés pour frugivores sont rajoutés à la ration et peuvent être administré grâce à l'utilisation de forceps. Une petite quantité de vitamines et minéraux doivent être rajoutés à chaque ration afin d'éviter tout problème de carence et de développement osseux. Les oisillons sont nourris toutes les 30min pendant environ 14h par jour, les soigneurs leur laissent donc une période de 8h de repos durant la nuit. Les intervalles de nourrissage sont graduellement augmentés jusqu'à 3 heures au bout du 20ème jour. A ce moment, on peut déjà proposer aux jeunes de la nourriture dans des mangeoires. Il est avantageux de sevrer l'oiseau tôt pour éviter l'imprégnation humaine sur l'oiseau. La température doit être de 37°C dans l'éleveuse juste après l'éclosion mais doit être par la suite graduellement diminuée jusqu'à 30°C au bout du 20ème jour.
Résumé des informations relevées suite à l'observation du Touraco Violet ex situ :
la volière doit être spacieuse, de préférence un peu plus grande que les personnes se trouvant à l'extérieur de la volière.
La maille utilisée pour la conception de la volière devra être aussi flexible que possible afin d'éviter aux Touracos de se blesser voir de se tuer en volant contre la paroi de leur volière.
Si l'on veut faire cohabiter des Touracos avec d'autres oiseaux, il est très important d'observer les comportements intra-espèces et inter-espèces. Utiliser des portes coulissantes à l'intérieur de la volière est un bon outil pour éviter des problèmes d'agressivité. Cela peut également servir lors de la période de reproduction pour isoler le couple voir isoler le mâle des oisillons.
Les couples reproducteurs de Touracos violets en particulier doivent de préférence être mis à l'écart des autres individus de leur espèce.
En dehors de la période de reproduction, il faut éviter de mettre les Touracos par groupes de trois (ndlr : comme pour la plupart des espèces d'ailleurs).
Les Touracos violets peuvent reproduire dans leur deuxième année. La plus jeune femelle ayant menée à terme une couvée à l'AWWP était âgé de 1 an et 5 mois.
Les jeunes sont très sensibles jusqu'à l'âge de six mois et sont souvent sujets aux agressions de la part d'autres oiseaux. Les jeunes EPP devront être rapidement retirés après le sevrage dans la mesure où le père peut devenir très agressif envers eux, d'autant plus si le couple a entamé une nouvelle ponte. Il est alors intéressant de placer les jeunes dans une cage à l'intérieur de la volière des parents car la mère continue généralement à les nourrir à travers le grillage.
Certains couples de Touracos ne sont pas très habiles dans la création de leur nid, c'est pourquoi il est préférable de leur disposer leur matériel de nidification directement dans le nid (petites branches, foin …). Cela aidera les oiseaux à mieux positionner les Å“ufs et donnera la possibilité aux oisillons de s'accrocher à quelque chose. Cela permettra d'éviter quelques problèmes de chutes du nid.
Des transferts ou autres dérangements majeurs perturberont grandement la reproduction, souvent pour toute la saison.
Les Touracos sont très sujets au stress et il peut arriver qu'ils meurent suite à une manipulation trop longue, il est ainsi conseillé de les placer directement dans une boîte de transport après les avoir attrapé.
Les oisillons EAM qui ont reçu un minimum d'attention de la part de leur soigneur deviennent de bons parents et font preuve d'un comportement tout à fait approprier vis à vis de leurs congénères. Si ils sont cependant trop imprégnés, alors ils deviendront très agressifs envers les humais durant la période de reproduction.
Ajouter des végétaux dans le régime alimentaire évitera la destruction des arbres etc. plantés dans la volière. Différentes feuilles, salades ou fleurs feront l'affaire.
Il ne semble pas que les Touracos violets aient une saison de reproduction fixe en captivité. La plupart commencent la saison au début du Printemps et la prolongent jusqu'en Novembre.
Le poids moyen d'un Touraco violet adulte à l'AWWP est d'environ 340gr pour les mâles et 305gr pour les femelles.
Le régime alimentaire des parents devra être adapté uniquement lorsque des oisillons seront nés et pas avant. On pourra dès lors distribuer la nourriture en plus grande quantité.
Un couple est généralement très fidèle à son nid et l'utilisera systématiquement par la suite.
Modifié en dernier par eagleye29 le 02 mars 2010 17:29, modifié 9 fois.
, tout ceci est très intéréssant! 
