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par invité-j » 22 janv. 2011 11:31
Super merci beaucoup de tes réponse Francis !
Par contre ne penses tu pas qu'il est encore un peu tôt pour que je pose le nid en Picardie ? Ne devrais-je pas attendre le 10/15 février ?
Niveau nourriture, tu fais quelque chose de spéciale ? Personnellement c'est graines grandes perruches + graines perroquets + pommes et carottes 2 fois par semaine.
Sinon, grâce à un forumeux qui me l'a envoyé par MP (encore merci à cette sympathique personne) je viens de prendre connaissance de cette exéprience d'élevage, tu en penses quoi ?
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PERRUCHE ALEXANDRE : EXPÉRIENCES D’ÉLEVAGE
La perruche Alexandre (psittacula eupatria) est la plus grande perruche du monde. Le mâle adulte peut atteindre une longueur de 58 cm (et même 62 cm, pour la sous-espèce nipalensis). Son aspect général penche pour un vert assez lumineux. Elle est affublée d’un impressionnant bec rouge et d’une très longue queue qui lui confère une élégance sans égal. Le mâle possède un collier rose et noir qu’il acquière normalement dans sa troisième année. Les deux sexes arborent une tache rouge sombre sur les couvertures alaires.
La perruche Alexandre vit dans le sud-est asiatique et fait partie du genre psittacula, comme sa cousine la perruche à collier (psittacula krameri). L’espèce se décline en cinq sous-espèces reconnues, qui fréquentent aussi bien les forêts sèches que humides jusqu’à 800 m, on la trouve occasionnellement jusqu’à 1600 m. Elle apprécie aussi les mangroves (palétuviers), de même que les régions cultivées, du moment qu’elle y trouve des arbres. On peut également la rencontrer en milieu urbain, dans les parcs et les jardins. Les plantations de fruits et de noix de coco ne manquent pas de temps à autres de susciter un intérêt certain.
J’ai acquis mon couple en 1999. La femelle vient du cÅ“ur de l’Argovie, achetée à bas prix à un éleveur qui n’en voulait plus. Elle est née en 1993. Le mâle vient, lui, de Zürich et avait deux ans lors de son achat. Je les ai placées dans une des volières du grand bloc. Leur logement est composé d’un abri non chauffé de 1m x 1m et d’une volière de vol de 4m x 1,3m, le tout par 2,1m de hauteur. Elles bénéficient d’une distribution automatique d’eau et d’une douche actionnée tous les jours dès le mois d’avril (sauf par temps de pluie, bien sûr) et de manière plus ponctuelle les autres mois. En hiver, durant les mois de risque de gel, l’eau est coupée et distribuée à l’arrosoir. Le nourrissage annuel se déroule en quatre périodes :
? de novembre à début janvier, leur alimentation n’est composée que d’un mélange de graines pour perroquets, de fruits et légumes.
? En janvier, elles reçoivent 2 fois par semaine des graines germées en plus du repas hivernal. La pâtée (Orlux Tropical) est mélangée aux graines germées.
? Dès le début de février, la graine sèche disparaît. Le repas alors n’est constitué que de fruits, de légumes et de graines germées, le tout mélangé à la pâtée et servi dans la même auge. Dans la deuxième auge, je leur donne des aliments extrudés qui sont là pour varier quelque peu la nourriture. Lorsque les jeunes naissent et durant toute la période d’élevage de la pâtée est rajoutée aux extrudés.
? Dès le début de juillet, bien après le sevrage des jeunes, je reviens à la deuxième période, c’est-à -dire que mes Alexandre ne reçoivent des germées que deux fois la semaine, l’essentiel du repas étant les graines sèches et les fruits-légumes. Cette période ne s’achèvera qu’à la fin d’octobre avec la mise au calme des mois d’hiver.
La perruche Alexandre est un oiseau qui se reproduit très tôt dans l’année. Il faut cependant faire attention de ne pas suspendre le nid trop tôt, on exposerait ainsi les Å“ufs, voire les jeunes, a un risque fatal de gel. Vous en déduirez aisément qu’il ne faut jamais laisser le nid durant toute l’année, les conséquences pourraient se révéler catastrophiques, on le verra plus tard. Si on le fait trop tard, la reproduction peut s’en trouver altérée, les oiseaux (le mâle surtout) ne seraient plus en excitation maximale. Personnellement, j’accroche le nid durant la première décade de février. Cela laisse au couple 2 à 3 semaines pour s’activer autour du nid, parader, s’accoupler et, enfin, pondre. Le nid est une boîte en OSB de 30 cm de base sur une hauteur de 70. Le fond est garni d’écorces de conifères. Bien que la Parus préconise des bagues de 7,5 mm, je leur préfère des bagues de 8,5.
Lors de la saison 2000, je savais que mon mâle était encore trop jeune et n’espérais pas obtenir grand-chose. La femelle a tout de même pondu 4 Å“ufs entre le 14 et le 20 avril, mais il n’y a pas eu de miracle : aucun Å“uf fécondé.
En 2001, comme lors de l’année précédente, la femelle pondait 4 Å“ufs entre le 1er et le 7 mars. La date de la ponte était plus dans la norme que précédemment. La femelle couva assidûment. Le contrôle du nid était aisé. Arrivé dans la volière, je gratouillais le nichoir, demandant ainsi à Madame de quitter momentanément le nid que je puisse officier aisément. Elle ne se faisait pas prier, mais manifestait tout de même son mécontentement par quelques cris bien sentis. Le 1er avril, ma première perruche Alexandre était née. Les trois autres Å“ufs s’avérèrent non fécondés. Pas grave, on fera mieux l’an prochain. Etant seul au nid, le jeune oiseau prospéra rapidement et devint un magnifique mâle. Cet oiseau resta plus de deux ans aux Volières du Rinz, ce qui me permit de constater que ce mâle mit son collier à l’âge de 18 mois, soit un an avant l’âge normal.
La saison 2002 s’annonçait faste. La femelle pondait 4 Å“ufs entre le 3 et le 9 mars. Comme le mâle gagnait en maturité, il y aurait peut-être davantage de petits à l’arrivée. La femelle se montrait toujours aussi coopérante. Ainsi, je ne pus que me réjouir, car, au mirage, les quatre Å“ufs étaient fécondés. Trois jeunes naquirent le 1er avril et le quatrième deux jours plus tard. La croissance se déroula sans problème et les quatre jeunes sortirent du nid à la fin du mois de mai. J’étais content. Mes Alexandre formaient un bon couple et étaient de bons parents.
2003 commençait mal. En effet, les 5 Å“ufs étaient pondus entre le 23 et le 31 mars, soit environ 2 semaines plus tardivement que la norme. Selon moi, la ponte devrait être complète avant la fin de la deuxième semaine de mars. Pour la première fois, la femelle se montrait très menaçante lors du contrôle du nid et ne le quittait pas. Elle défendait bec et ongles ses cinq Å“ufs. Ce qui fait que je n’ai jamais trouvé une opportunité pour les mirer. Alors vado via, on verra bien. Le 29 avril, j’ai entrevu un jeune entre les pattes de la femelle, un deuxième le 1er mai. Les trois autres Å“ufs étaient non fécondés. Ce qui m’inquiétait le plus était que la femelle restait campée sur ses deux rejetons et ne me laissait pas m’en approcher. Comme il fallait absolument que je les bague, j’ai forcé un peu l’accès au nid et je n’ai pu que constater le désastre. Les deux jeunes avaient les pattes écartées sur les côtés, comme s’ils avaient été écrasés. Les pattes ne montraient cependant aucune autre malformation, la génétique n’était peut-être pas en cause. La femelle les avait-elle trop couvés. Le fait qu’elle ait complètement dégagé les écorces (c’était la première année qu’elle agissait de la sorte) avait-il contribué à cette malformation ? Les oiseaux ont-ils été perturbés, sentaient-ils la canicule qui nous attendait ? Quoiqu’il en soit, il fallait agir vite. Fichu pour fichu, je décidai de tenter quelque chose. Je sortis les jeunes du nichoir et décidai de les élever à la main. Je pris soin d’abord de leur ligoter les pattes avec de l’adhésif de carrossier, afin de les rapprocher l’une de l’autre et ainsi peut-être leur permettre de retrouver leur place initiale. Au bout d’une dizaine de jours de soins, je pus constater que la plus jeune faisait de réels progrès. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de son aînée et je dus me résoudre à l’euthanasie. La rescapée prospéra au-delà de mes espérances et se rétablit totalement. Elle vit actuellement chez un ami où elle coule des jours heureux.
2004. On a beau avoir quelques années d’expérience avec un oiseau, on n’est jamais à l’abri d’une bourde. Pour une raison rationalisation, je décidai de déménager le couple de perruches Alexandre, dans le courant du mois de décembre 2003, dans la volière contiguë à l’ancienne. Cette dernière avait été occupée par un couple de perruche à tête de prune et ressemblait points pour points à l’autre, donc apparemment pas de problèmes en vue. J’avais juste omis de retirer le nid des têtes de prune, car je n’imaginais pas, vu la taille de ce dernier, qu’il pouvait intéresser les Alexandre. Que nenni !!! Quelle ne fut pas ma surprise lorsque le 5 février, voyant Madame mettre son minois à l’entrée, je contrôlai le nichoir ! Trois Å“ufs reposaient sur les écorces. Branle-bas de combat : en moins de temps qu’il faut pour le dire, les trois Å“ufs furent transférés dans un nichoir ad hoc. A peine avais-je quitté la volière que la femelle entrait déjà dans sa nouvelle demeure, brave fille. Elle pondit encore trois autres Å“ufs, ce qui lui en faisait 6. La ponte fut achevée le 16 février, trois semaines plus vite qu’à l’accoutumée. Les 6 étaient fécondés. La première éclosion eut lieu le 6 mars. Je ne pus que constater l’ampleur de ma bêtise : deux jeunes morts à l’éclosion, trois morts dans l’œuf à divers stades, un seul jeune sevré. Le froid avait sévi.
2005. Vigilant, pas deux fois la même erreur. J’ai attendu que le mois de février soit bien entamé pour suspendre le nichoir. Comme à son habitude, le couple s’y intéressa très vite. La ponte débuta le 28 février et fut complète le 8 mars. La femelle couva ses 5 Å“ufs. Elle était à nouveau calme et me laissait contrôler ses Å“ufs sans trop rouspéter. Les jeunes naquirent échelonnés : 2 le 31 mars, 2 le 1 avril et le cadet le 4 avril. Ce dernier, âgé de 5 semaines, sera sorti le 11 mai. Il est destiné à accompagner la miraculée de 2003. Les autres prospéreront normalement jusqu’à leur sortie du nid, les 25 et 26 mai.
La perruche Alexandre est un oiseau extraordinaire et son élevage n’est pas difficile si on respecte ses faibles exigences. Il est vraiment dommage de les cloîtrer dans de trop petites volières. Si on ne peut pas leur offrir une bonne longueur de vol, il me semble préférable de renoncer à en détenir et porter son attention sur d’autres espèces moins exigeantes à ce niveau.
Pour ma part, je suis enchanté d’avoir un jour choisi cette espèce, elle me ravit chaque fois que je l’admire. Sa saison de reproduction touche à sa fin, mais je me réjouis déjà pour la saison 2006. Va savoir : 6 Å“ufs, 6 fécondés et 6 jeunes à l’envol… On peut rêver !
Francis Banderet
Amicale du bec crochus (Suisse)